JEUDI ÇA JE DIS RIEN - Comment j'ai presque emballé Robert Pattinson
Certaines missions sont plus égoïstes que d'autres. Celle-là, contrairement aux apparences, était totalement philanthropique et dédicacée à toutes celles qui rêvent de faire un bisou à... Robert Pattinson .
L'idée a germé assez facilement : il faut dire que la rédaction n'est jamais avare d'idées saugrenues. Le lieu de la mission : un tapis rouge au cinéma Le Grand Rex à Paris. L'occasion : la présence de Robert Pattinson pour la promo de Water for the elephants soit De l'eau pour les éléphants en français. L'objet de la mission : Rob lui-même soit Dieu en personne pour les 15-24 ans. Voire quelques cougars en devenir.
A J-1 du mariage princier du siècle, l'humeur est au romantisme et l'esprit de conquête aiguisé. Heure de la mission : 19h... enfin disons plutôt 20h30 mais quand on aime on ne compte pas. Hystérie collective au rendez-vous, le cinéma est cerné, dans la rue les fans sont là, cordes vocales déchaînées. A l'intérieur de la salle obscure, même son de cloche... aigu. Les cris titillent désagréablement les tympans... quoi il est là ? Ah non, c'est juste l'ombre de sa mèche de cheveux aperçue derrière la porte.
Photocall de circonstance. La soirée commence bien : Bob m'a même écoutée et a troqué son costume marronasse vu à Berlin contre un costard noir classe et sobre. Habillé comme cela, il me rendrait même impatiente de mener à bien ma mission kamikaze ! Pour ceux qui ne visualisent pas le principe du tapis rouge, un arrêt sur image est nécessaire à cet instant. On pourrait comparer cela au salon de l'agriculture mais version glamour : parqués dans un enclos à 6 dans 2 mètres carrés, les journalistes reçoivent, à la chaîne, la visite furtive, telle une caresse, des héros de la soirée pour leur tendre un micro et récolter un ou deux mots. Trois c'est trop. On vous rappelle gentiment à l'ordre, votre temps est écoulé.
Cameraman dans les starting blocks, mojo au beau fixe : pour preuve, le camarade de jeu de Bob, Christoph Waltz , nous répond même avec une petite blague et le sourire ( je gagne des points face à mon collègue et sa dernière interview phénoménale du même Waltz ) tandis que Reese Witherspoon , magnifique bout de femme dans sa robe décolletée rouge, fixe ses yeux bleus perçants sur nous 20 secondes et demi... autant dire un record.
Robert Pattinson arrive alors enfin à nous, sonné encore par les cris de la foule et toute cette pression chronométrée. Il est temps de poser cette question fatidique, répétée depuis trois jours dans la rédaction, telle la réplique la plus importante d'un film, celle qui va tout faire basculer. Roulements de tambour. "Robert, tu semblais tellement déprimé dans ta dernière interview au Vanity Fair que toute notre équipe veut te remonter le moral : peut-on te faire un bisou?"
Le visage de Robert s'illumine d'un sourire énorme, l'un des plus charmeurs jamais vus, Robert se marre, sourit, est à nous. La robe bustier, les talons et le rouge à lèvres rose vif que l'on se traîne depuis ce matin, finalement, ce ne sera pas vain. C'était sans compter le rabat-joie de dernière seconde : le "NON" sec et massif, jeté en pâture dans mon enclos, du staff agrippé à Robert Pattinson. L'acteur continue à sourire, poussé par le staff, tentant de me donner malgré tout ce mot... ou deux. Ma voisine d'enclos jubile, elle a gagné ma seconde et demie, et balance sa question philosophique sur les éléphants soulignant qu'elle n'a rien de bizarre, elle, a lui demandé... traîtresse !
Pas du tout bizarre pourtant notre question, certes pas très intellectuelle il est vrai, mais loin de servir à rien ! Parce que, faire sourire et rire le vampire de Twilight , le Robert Pattinson de 24 ans, effrayé par son succès et qui osait à peine lever les yeux de son verre d'eau lors de la conférence parisienne de Twilight 2 il y a deux ans, moi je dis ça tient du record. Et ce n'est pas rien.
Si, finalement, le rêve de toutes les filles du monde ne s'est pas exaucé par procuration grâce à cette mission du jour, on a quand même fait un heureux, beaucoup moins déprimé. Après tout, n'était-ce pas le but de tout ce divertissement ?
Alexandra Apikian pour premiere.fr