Oubliez Edward Cullen et rencontrez George Duroy
Si Edward Cullen était un personnage sentimental, attentionné et mystérieux...Robert Pattinson endosse un rôle totalement différent dans Bel Ami.
Jeune homme de 24 ans séduisant mais sans le sou, Georges est un ancien soldat dévoré par une extrême ambition et le désir de s’imposer dans la belle société. Pour échapper à la pauvreté qui a toujours été son lot, las de se débattre pour mener une existence misérable dans un monde où seuls comptent la richesse et le statut social, il ne laissera rien s’interposer entre lui et son ascension sociale, pas même l’amour.
Declan Donnellan précise : «Sans se donner de mal, Georges obtient ce qu’il veut. C’est ce qui est exaspérant chez lui ! Georges a ce talent de gravir les échelons, c’est un homme d’affaires qui n’a qu’une seule marchandise à vendre. Une autre chose intéressante chez lui, c’est sa vacuité : les gens peuvent projeter tout ce qu’ils veulent sur lui, et c’est une des raisons de sa réussite.»
Au delà d’un simple personnage Georges Duroy est la caricature d’une époque dépeinte par Maupassant.
Declan Donnellan déclare : « La notion de célébrité est particulièrement intéressante. Les gens pensent que c’est quelque chose de très moderne, cette idée que l’on peut, sans avoir réellement de talent particulier, se retrouver connu dans le monde entier. Mais c’est exactement de cela qu’il s’agit. Si Georges a un talent, c’est ce désir énorme de réussite, cette soif de grimper dans l’échelle sociale. C’est un thème incroyablement moderne, et c’est l’une des choses qui nous ont fait vibrer dans cette histoire. Elle se déroule dans le Paris des années 1890, mais elle serait presque trop contemporaine si on l’avait située dans le monde d’aujourd’hui !»
Declan Donnellan reprend : « J’avais trouvé cette histoire très choquante, et je la trouve toujours aussi choquante aujourd’hui. C’est une histoire incroyablement subversive. Jamais Guy de Maupassant n’a été plus mordant et plus ironique que dans ce roman. Les thèmes sont toujours autant d’actualité qu’ils l’étaient à l’époque. Il porte un regard très ironique sur les médias. Les parallèles sont nombreux avec notre monde contemporain. Le livre aborde la manipulation des médias, comment un gouvernement envahit illégitimement un pays arabe pour ses ressources naturelles et ment à la population, comment les médias sont, ou non, de connivence ; il parle de sexe, de célébrité, et c’est aussi l’histoire d’un homme qui se hisse au sommet sans avoir réellement de talent.»
Le personnage central de l’histoire, Georges Duroy, est un homme complexe et fascinant. La scénariste Rachel Bennette explique comment elle a abordé l’adaptation d’un conte aussi noir. Elle explique : «C’est un personnage atypique, assez énigmatique par certains aspects. Il est plus réactif qu’actif, et l’on est plutôt habitué à voir des protagonistes actifs au cinéma. Il s’agissait de bien peser le personnage.»
Pour la scénariste, la difficulté dans l’adaptation du livre de Maupassant était double. «Il y a d’une part le volume de l’histoire, et de l’autre le fait que la principale motivation du personnage de Georges est l’ambition – la soif de pouvoir, d’argent et de statut social – et que ce n’est pas a priori une valeur capable d’engendrer l’empathie. On ne s’investit pas émotionnellement dans un personnage qui cherche à devenir riche et puissant, du moins pas comme on le fait par exemple avec un personnage qui tombe amoureux et avec qui on éprouve en tant que spectateur une connexion émotionnelle instinctive et immédiate. Donc, la première difficulté a été de faire comprendre que, chez Georges, cette ambition n’est pas simplement un désir nihiliste d’accumuler et de consommer, mais qu’elle naît d’un sentiment plus vaste, de son appétit de vivre, de ce désir de s’emplir à ras bord de vie avant que la mort ne vienne le prendre. Il fallait donc garder à l’esprit cette idée, et aussi situer tous les éléments de l’histoire, comme l’ambition, la carrière, l’accès au pouvoir, dans un contexte émotionnel afin que l’on comprenne quel lien intime il entretient avec ces éléments.»
Rachel Bennett conclut : «Je trouve réellement Georges passionnant, même si je ne l’aime pas tout le temps. Il y a quelque chose d’attirant dans son audace, dans son refus absolu d’accepter la place que lui impose la société. C’est très séduisant car il fait finalement preuve d’une sorte de courage insensé…»
Merci à Gwenn Gauthier de Way To Blue pour cet article