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| | [Cosmopolis] Revue de presse | |
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Auteur | Message |
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nicolisandra Co-Webmastrice/Modote
Nombre de messages : 9405 Date d'inscription : 16/03/2009 Age : 51 Localisation : ici et ailleurs
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 21:12 | |
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| | | sabrinalor Rob'sédé
Nombre de messages : 6015 Date d'inscription : 17/11/2011 Age : 55 Localisation : lorraine
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 21:16 | |
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| | | ptiteaurel Administratrice
Nombre de messages : 38566 Date d'inscription : 13/03/2009 Age : 44 Localisation : Arras
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 21:47 | |
| Interview de David Cronenberg
Connaissiez vous le roman de Don DeLillo? Non, je ne l'avais jamais lu. Juan Paulo Branco et son fils Paul ont suggéré que j'adapte ce livre. Paulo est venu me dire "Mon fils pense que tu es le seul à pouvoir faire ce film ." Connaissant d'autres livre de DeLillo et les grands films que Paulo a produit , je me suis dit que ça valait le coup d'y jeter un coup d'oeil . C'était inhabituel pour moi car je préfère travailler sur mes projets mais 2 facteurs m'ont amené à considérer Cosmopolis et j'ai commencé à le lire. Deux jours plus tard, , j'ai appelé Paul pour lui dire que j'étais d'accord, que je ferais le film.
Vouliez vous écrire vous même le script Bien entendu. Et vous savez quoi ? Je l'ai fait en 6 jours. Et c'est du jamais vu pour moi. J'ai débuté par les dialogues du livre sur mon PC sans modifier ou sans ajouter quoique ce soit. Ca m'a pris 3 jours . Quand j'ai eu fini, je me suis demandé : "Est ce suffisant pour faire un film? '. "Oui, je crois ," fut ma réponse. J'ai passé ensuite les 3 jours suivants à combler les vides entre les dialogues et les autres choses et j'ai eu mon script.Je l'ai envoyé à Paulo. Au début, il n'a pas aimé et il a changé d'avis ensuite et on a débuté la production.
Qu'est ce qui vous a convaincu d'en faire un film? Les dialogues incroyables. DeLillo est célèbre pour ses dialogues et ceux de Cosmopolis sont particulièrement brillants. Certains disent qu'ils sont "Pinteresque", soit à la Harold Pinter, mais on pourrait les renommer "DeLillesque". Pinter est un un dramaturge et sa virtuosité des dialogues est une évidence, mais je ne m'attendais pas au pouvoir expressif de l'oeuvre de DeLillo.
Que pensez vous du monde de Don DeLillo? J'ai lu ses livres: Libra, Underworld, Dog running ... J'aime beaucoup son écriture, même si elle est très américanisée. Je ne suis pas Américain, je suis Canadien. Et ce n'est pas une petite différence. Les américains et les européens pensent que les Canadiens sont mieux éduqués et plus sophistiqués que les Américains, mais c'est plus compliqué que ça. Au Canada, on n'a pas eu une révolution, d'esclavage ou de guerre civile. On n'a pas cette violence en nous, nous n'avons que la police et l'armée qui peuvent porter des armes. On a un sens profond de la communauté et on ressent le besoin de garantir à tous un revenu minimum et les américains nous voient donc comme un pays socialiste! Je viens d'un univers différent de celui des livres de DeLillo mais je comprends cette vision de l'Amérique et je peux m'y rapporter
Le livre et le film se déroulent à New York mais on a l'impression d'avoir une autre ville. Le roman offre des détails très visuels et le film semble plus abstrait . Dans le roman , la limousine d' Eric Packer déambule dans Manhattan d'est en ouest dans la 47ème rue. De nombreux endroits décrits dans le livre n'existent plus et ce New York est plus imaginaire. Dans le film, cependant, New York est plus impressionnant car il est dans l'esprit d'Eric Packer. Sa version de la ville est largement déconnectée de la réalité des gens, il ne comprend pas les gens ou la ville elle même. J'ai donc pensé qu'il était légitime de donner une version plus abstraite bien que le vrai New York est visible par la fenêtre de sa voiture
Entre le script et le film , dix ans se sont écoulés. Aviez vous pensé que ça poserait problème? Non le roman est de manière surprenante prophétique. Et lors du tournage, on avait la description de choses qui se sont réellement passées. Rupert Murdoch a été entarté et le mouvement Occupy Wall Street a accompagné la fin du tournage. Pour rendre l'histoire contemporaine, j'ai dû changer quelques trucs: la seule différence c'est qu'au lieu d'utiliser le yen on a dû utiliser le yuan. DeLillo a eu une belle vision de ce qu'on vit actuellement et sur le déroulé des choses On peut dire que le livre a été une prophétie, le film est contemporain
La lecture doit être différente quand on sait qu'un livre va devenir un film? Bien entendu. Même si je n'ai jamais pensé en lisant un livre à en faire un film. Je lis beaucoup car j'aime plonger dans la lecture et me demander comment j'en ferais un film et si ça me gâcherait mon plaisir. En ce qui concerne Cosmopolis,j'ai eu deux rôles à jouer : celui d'un lecteur plongé dans sa lecture et celui du réalisateur se demandant s'il y avait assez de matière pour faire un film. Et quand on fait une adaptation, c'est comme avoir la fusion entre la sensibilité de deux auteurs , dans ce cas précis celle de DeLillo et la mienne (mais ce fut la même chose pour Ballard ou Stephen King). Métaphoriquement, c'est comme donner naissance. Il faut 2 personnes et le film se révèle être votre bébé. Si on prend le dialecte Marxiste : avec Cosmopolis , je ne pouvais m'empêcher de penser à Marx et son Manifeste Communiste quand vous entendez la phrase "un spectre hante le monde ...
Dans ce cas, on ne parle pas de l' Europe mais du monde Bien sûr. Pour la 1ère fois, je traite d'un sujet important dont je n'ai jamais eu à faire face : l'argent. Le pouvoir de l'argent et la façon dont il façonne le monde. Pour parler de cette question , j'ai dû faire des recherches poussées sur le monde de la finance et ses employés qui sont sans cesse à la télé dans des documentaires ou dans les journaux . Ils agissent et parlent comme l'a décrit DeLillo , ils sont tous comme Eric Packer. Pour moi, la référence à Marx n'est pas un hasard. Dans le manifeste communiste de Marx , on parle de modernisme, d'une époque où le capitalisme a atteint un tel niveau d'expansion que les compagnies iront plus vite et que l'instabilité et l'imprévisible seront rois . C'était en 1848, mais c'est la réalité que vous verrez dans le film. Je me demande souvent ce que Karl Marx penserait s'il voyait le monde tel qu'il l'avait imaginé.
Qu'entendez vous par "combler les vides entre les dialogues"? Après trois jours, mes conversations étaient caduques. Je devais comprendre comment les intégrer dans une limousine. J'ai donc fait des recherches et j'ai ressenti le besoin de trouver des réponses: où est Eric? Où va t-il? Et les autres? Que se passe t-il dans les rues ? Dans quel contexte va t-il être entarté? Etc.... Puis les choses pratiques: le choix des lieux, des objets dans les scènes qui forgeront le film. Je n'ai jamais écrit un script pour un autre réalisateur car je pense toujours à ma réalisation en écrivant. Pour moi, un script est un plan que je vais donner à mon équipe, à mes acteurs , à la production. Je pense donc aux designers, aux décors, aux costumes, aux conséquences économiques de mes désirs.
Parmi les changements, il y a une scène à la fin du livre où Eric Packer se retrouve sur un plateau Oui dès que j'ai lu cela, j'ai tout de suite pensé que ça ne se passait pas vraiment mais que c'était juste dans l'imagination de Packer. Je n'en croyais pas mes yeux et et penser que je devais tourner une scène avec des corps nus dans les rues de New York. Je suis assez sceptique sur les morceaux de films au sein même d'un film , ce n'est intéressant que si ça a un rôle dans l'histoire. C'est une des plus grosses coupures que j'ai pu faire , avec celle où Packer est dans sa limousine et voit une SDF quand il rentre d'une rave party. J'ai tourné cette scène mais j'ai trouvé que ça ne collait pas. .
Et vous avez donc coupé la scène où Benno Levin intervient dans l'histoire, avant la scène finale. Ca ne passait pas dans le film. On avait besoin d'une voix off et d'autres astuces car sinon ça ne rend pas bien. J'ai retardé la rencontre entre Levin et Packer pour la longue séquence finale : 20 minutes. 20 minutes de dialogue! C'est un de ces choix que vous faites quand vous adaptez un livre, même si c'est écrit, vous ne savez pas quel sera le résultat. On me demande souvent si le résultat est à la hauteur de mes attentes mais il s'avère que je n'ai pas d'attentes. Ce serait absurde de développer en détail une traque : pendant la production , vous pouvez avoir des tas de choses qui doivent être changées. C'est pour ça que je ne travaille pas avec des storyboards: ils cherchent à recréer ce que vous avez dessiné. Et ce n'est pas ma conception du cinéma. J'ai besoin d'être sans cesse surpris,par moi même et ceux qui m'entourent. Je veux aussi éblouir les acteurs et Peter Suschitzky, cinématographe qui travaille avec moi depuis 1987. Travailler ainsi est plus marrant
Comment avez vous choisi les lieux? C'est marrant mais la 47ème rue de New York ressemble aux rues de Toronto.On a recréé le plateau avec des détails évoquant New York avec les rues de Toronto, où on a tourné les scènes d'intérieur. On n'a pas pu tourner dans une vraie limousine, on a dû recréer des bouts de scènes en studio pour nous permettre de bouger librement. Ainsi ce que vous voyez en arrière plan par les fenêtres a été ajouté en post production. Mais le plus important est de considérer la limousine comme une voiture et un espace mental : entrer dans la voiture c'est comme entrer dans la tête d' Eric Packer. C'est ce qui compte.
Dans les confins de cette limousine. Ce mot apparaît dans les divers versions du roman notamment en français Ah bon ? C'est dans le roman mais c'est un néologisme créé par DeLillo en référence à Proust et sa pièce. DeLillo a inventé le verbe "proustare". Je ne suis pas sûr que beaucoup de personne vont comprendre cette allusion, mais je préfère ne pas expliquer ses origines, laissant place à la curiosité mais aussi à la distorsion. Alors que l'extérieur ressemble à toutes les limousines, l'intérieur de celle de Packer est le résultat de nombreux changements : son siège symbolise son pouvoir et le met à hauteur vis à vis de ses invités. De nombreux détails viennent du roman comme le sol en marbre.
Dans le livre, il y a des images de Packer qui se projette dans le futur. Et parmi elles, à la fin, , il y a celle où il voit sa propre mort dans sa montre. Mais dans le film, il n'y a pas cela J'ai aussi tourné ces scènes mais je les ai trouvées fausses , artificielles. Pour moi, c'était juste une intrigue de la narration : vu j'avais montré les visions d' Eric Packer ça en aurait fait un trait du personnage et j'aurais refait d'une certaine façon la zone de mort. Les anticipations sur le futur, je n'en ai gardé qu'une en ce qui concerne Packer: "Pourquoi je ne vois pas des choses qui ne sont pas encore arrivées?".
Comment avez vous choisi les acteurs? Tout d'abord, je venais de finir A Dangerous Method, les acteurs que j'avais en tête ne sont pas ceux que j'ai choisis. Pour Cosmopolis, je voulais Colin Farrell pour le rôle principal et pour Elise, sa femme, Marion Cotillard. Mais Farrell avait un autre contrat à honorer et Marion Cotillard était enceinte. J'ai donc changé le script pour des acteurs plus jeunes- en lien avec l'idée du roman -et donc sa femme devait être plus jeune . J'ai trouvé que c'était mieux. Le vrai problème fut lors des négociations finales pour le rôle principal . Mais ce ne fut pas vraiment le cas.
Vous avez alors pensé à Robert Pattinson? Oui, je l'ai trouvé intéressant dans Twilight, même si ce rôle n'est pas très spécial. Je l'ai vu dans Little Ashes et Remember Me, et j'ai été convaincu qu'il pouvait jouer mon Eric Packer. C'est un rôle lourd car il est dans chaque scène et je ne pense pas jamais avoir fait un film où l'acteur est constamment à l'écran. Le choix fut donc une intuition, il n'y a pas eu de règles ou d'instructions.
Pour ce film, vous avez choisi des acteurs avec qui vous avez déjà travaillé. En plus de Peter Suschintzky, vous vouliez à vos côtés Howard Shore, qui a écrit la musique de votre film il y a 33 ans. Aviez vous des besoins particuliers pour la musique? Howard Shore fut une des 1ère personne à qui j'ai envoyé le script. Il y avait deux exigences avec le script: premièrement la présence de nombreuses chansons présentes dans le roman et deuxièmement, le grand nombre de dialogues dans laquelle la musique, jamais de façon intrusive, doit être la toile de fond. . Je voulais d'une musique non intrusive mais en même temps incisive pour donner le ton de l'histoire. Et les paroles de la musique que DeLillo fait chanter aux rappeurs. Howard a travaillé avec le groupe canadien Metric, dont la chanteuse Emily Haines utilise sa voix comme un instrument de manière douce et ça répondait à mes besoins.
Vous aviez insisté pour que les acteurs suivent les répliques du script à la lettre Oui, je le répète. Vous pouvez faire des films qui permettent aux acteurs d'improviser. De nombreux grands réalisateurs ont fait cela mais j'ai une perspective différente. Je ne pense pas que ce soit aux acteurs d'écrire les dialogues. Encore moins dans ce cas précis où je voulais que les dialogues soient exactement ceux de Don DeLillo. Même avec cela , les acteurs avaient encore le choix de l'improvisation pendant le tournage, ils décident du ton et du rythme. C'est intéressant de penser aux efforts que j'ai demandé à Pattinson. Il croise divers personnes dans sa limousine et il y avait donc divers acteurs et il a dû adapter son jeu aux acteurs qu'il avait en face de lui.
Vous avez tenté de tourner le film de manière chronologique? Autant que possible oui. On a tourné dans l'ordre les scènes dans la limousine. Quand Paul Giamatti est arrivé sur le plateau, le tournage était presque terminé, on a tourné la dernière scène en dernier. Parfois, il y avait des soucis techniques mais j'ai réussi à respecter l'histoire mieux que dans mes précédents films. L'histoire se dévoilait au jour le jour et elle impliquait des évolutions complexes. J'ai trouvé ça très utile de travailler ainsi
source cinérépublic via Robert Pattinson Moms via RPlife | |
| | | Patty Rob'sédé
Nombre de messages : 10897 Date d'inscription : 18/01/2010 Age : 65 Localisation : nancy
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 21:50 | |
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| | | Patty Rob'sédé
Nombre de messages : 10897 Date d'inscription : 18/01/2010 Age : 65 Localisation : nancy
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 21:58 | |
| pour l'ITW de Cronenberg : j'ai l'impression que le film sera moins compliqué que le livre !!! ce sera sans doute une bonne chose | |
| | | ptiteaurel Administratrice
Nombre de messages : 38566 Date d'inscription : 13/03/2009 Age : 44 Localisation : Arras
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 21:59 | |
| Par contre , il a coupé une scène assez forte du livre mais en même temps, je ne voyais pas Rob la faire | |
| | | ely Rob'stiné
Nombre de messages : 175 Date d'inscription : 22/04/2012 Age : 39
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 22:11 | |
| Merci pour l'interview pour les deux interview, j'ai trouvé très intéressant. | |
| | | Valoch Rob'nubilé
Nombre de messages : 388 Date d'inscription : 01/02/2012 Age : 58 Localisation : Moselle
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 23:17 | |
| et bravo C'était très intéressant | |
| | | Jel Rob'sédé
Nombre de messages : 6638 Date d'inscription : 11/02/2011 Age : 35
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Lun 23 Avr - 23:33 | |
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| | | babe Co-Webmastrice/Modote
Nombre de messages : 7292 Date d'inscription : 02/05/2011 Age : 40 Localisation : Lille
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 0:40 | |
| alors merci Lili (je t'avais pas encore charrier là-dessus ) et pour les trads, maintenant que j'ai rempli ma part du contrat, je vais pouvoir lire tout ça demain ITW de Don DelilloComment est venue l'idée d'une adaptation cinématographique de Cosmopolis?Je n'ai rien à voir là-dedans. En 2007, Paul Branco m'a invité au festival d'Estoril au Portugal qu'il organise lui-même. Il aime avoir des membres du jury qui ne soient pas directement concernés par le cinéma, comme des écrivains, des peintres ou des musiciens. Se rassembler de cette façon pour parler de films est plaisant, et au cours d'une conversation, il m'a parlé du projet de l'adaptation de Cosmopolis, une idée que lui a suggéré son fils Juan Paul. Il avait déjà mis une option sur les droits et je connaissais son palmares en tant que producteur et l'impressionnante liste de tous les excellents réalisateurs avec lesquels il a travaillé, j'ai dit oui. Quand nous avons soulevé la question du possible réalisateur, Juan Paul a suggéré David Cronenberg, et très rapidement, tout a pris vie. Aviez-vous lu le script?Bien sûr que oui. Et je l'ai trouvé incroyablement proche du roman. Bien entendu, Cronenberg a coupé quelques scènes qui ne fonctionnaient pas à l'écran, mais il est resté fidèle à l'esprit de mon roman. Quand j'ai lu le script, mon souhait était très clair: ne rien dire et ne rien faire, Cosmopolis est devenu un film de Cronenberg. C'est mon roman mais aussi un de ses films. Je trouvais convenable de ne pas perturber son travail. En mars dernier, j'ai vu le film complètement terminé à New York et j'ai été très impressionné : c'était mieux que ce que j'avais imaginé. J'ai aimé le début, le générique : je trouve que le commencer et le terminer avec Jackson Pollock et Rothko (ndlr: peintres américains de l'expressionnisme abstrait des années 40-50) est une idée incroyable. Et la scène finale avec Robert Pattinson et Paul Giamatti est tout simplement terrible! Vous n'aviez jamais pensé à une adaptation?Au cours des dernières années, on m'a de nombreuses fois proposé d'adapter certains de mes livres mais au final, ça ne s'est jamais concrétisé. Je pensais ensuite que l'adaptation de Cosmopolis était difficile à entreprendre, étant donné que la plupart de l'action prend place à l'intérieur d'une voiture, que ça ne conviendrait pas au grand écran. Mais ensuite, je me suis demandé comment Cronenberg a été capable de tourner certaines scènes dans la limousine, alors que je les avais faites se dérouler ailleurs. Et je fais référence en particulier à la scène avec Juliette Binoche. Pour vos romans, c'est presque un paradoxe: en dépit d'être bourrés de références cinématographiques, il semble impossible de les filmer. Vous avez raison, mais je ne peux pas expliquer pourquoi. J'ai toujours pensé que Libra et White Noise pourraient facilement être adaptés en films, mais apparemment, c'est compliqué. Je ne sais pas pourquoi. En tout cas, je pense que vous ne vous attendez jamais à écrire un scénario ou adaptation. Le cinéma dans vos romans joue toujours un rôle majeur, bien qu'il n'y ait quasiment aucune référence à un film ou un réalisateur en particulier. Il semble que l'idée du cinéma lui-même compte plus que les modèles ou les personnages que vous proposez.Ce qui importe le plus, c'est le sentiment que certains ont comparé à d'autres films. J'ai grandi dans le Bronx, j'avais l'habitude de regarder des westerns, des comédies musicales et des films de gangsters. A cette époque, on ne savait même pas ce qu'était un noir. Puis, j'ai déménagé à Manhattan et j'ai découvert Antonioni, Godard, Truffaut, les grands réalisateurs du cinéma européen et japonais, comme Kurosawa. Ils ont été une révélation: la taille de leurs films pour moi était comparable à celle des plus grands romans. Beaucoup de gens pensent que, en 1960 j'ai quitté mon travaille dans une entreprise de publicité pour écrire mon premier roman, mais ce n'est pas vrai: j'ai arrêté de travailler pour aller au cinéma tous les après-midi. C'est seulement ensuite que j'ai envisagé l'idée d'écrire. Et ensuite, vous avez écrit Americana, l'histoire d'un homme qui quitte son travail dans les médias pour réaliser un film...C'est exact. Dès lors, en vivant près de New York, j'ai découvert que certains films ne sont distribués dans aucun autre cinéma aux États-Unis. À un certain moment dans ma vie, je me suis retrouvé à vivre en Grèce pendant trois ans et je suis tombé à cours de films : il n'y avait pas beaucoup de bons films qui arrivaient jusque là et j'ai réalisé que le film manquait. Et puis, j'ai toujours pris soin d'observer de près ce qui se passe dans les films et je pense que, finalement, The horse in Turin de Bela Tarr, The Tree of Life de Terrence Malick et Melancholia de Lars von Trier ont été des évènements majeurs. Dans vos romans, il y a non seulement de nombreuses références à des films, mais il y a quelque chose au niveau de la narration cinématographique. Par exemple, le début d'Underworld est comparable à une petite scène.C'est parce que, quand j'écris, j'ai besoin de voir ce qui se passe. Même quand il s'agit juste de deux hommes qui parlent dans une pièce, pour moi écrire juste le dialogue n'est pas suffisant. Je dois voir la scène, comprendre où sont les personnages, comment ils sont assis, ce qu'ils portent et ainsi de suite. Je n'avais jamais tellement réfléchi mes besoins, mais je m'en suis rendu compte récemment en écrivant mon nouveau roman, dans lequel le héros passe beaucoup de temps à regarder de nombreux fichiers vidéos sur un grand écran. Je suis à l'aise avec l'écriture abstraite, avec des histoires qui semblent sage: vous devriez voir ce qui se passe, j'ai besoin de voir! Vous êtes italo-américain. Ne vous êtes-vous jamais senti en phase avec la génération des grands réalisateurs italo-américains qui ont explosé dans les années 70 et qui sont encore contemporains?J'ai adoré Mean Streets. J'ai grandi dans le Bronx et Scorsese au sud de Manhattan, à Little Italy, mais nous parlons toux deux la même langue, nous avons le même accent et nous comportons de la même manière. Inutile de dire alors que j'étais familier avec les rebelles et les fauteurs de troubles, puisque j'en connaissais plusieurs, tout comme le personnage de Robert De Niro. Mais, pour chercher un film qui soit plus cohérent, nous devons remonter dans le temps. J'étais très jeune quand j'ai vu Marty, la vie du timide Mann Delbert, qui a été tourné dans le Bronx, le quartier même où j'ai vécu. Le film a été projeté à Manhattan et moi et 7 autres gars, nous sommes allés le voir en voiture. La séquence d'ouverture prenait place sur Arthur Avenue sur mon chemin! Reconnaître dans un film les coins et les magasins qui appartenait à ma réalité était une expérience incroyable. Donc, je n'ai jamais pensé que quelqu'un pourrait faire un film dans ce domaine. Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que David Cronenberg s'occuperait de l'adaptation de votre roman?J'ai été heureux. J'ai manqué certains de ses précédents films, mais aussi Ringers. Je suis particulièrement fasciné par Crash, eXistenZ, et, bien sûr, A History of Violence, je les ai tous vus. Quand j'ai entendu qu'il a choisi Cosmopolis, je me demandais si c'était le genre sur lequel il avait l'habitude de travailler et j'ai pensé que peut-être il a eu l'occasion de s'attaquer à quelque chose de nouveau. Cependant, j'étais sûr qu'il ne pouvait tirer que le meilleur parti de l'impact visuel du roman et que tout le monde serait surpris, y compris moi. Je n'avais aucune idée comment il pourrait, mais je savais que rien ne serait conventionnel. Vous n'avez vu sa version de The Naked Lunch?Et elle est géniale! Exactement le genre de surprise que j'espérais pour Cosmopolis. Quand avez-vous rencontré Cronenberg?Il était aussi à Estoril et nous nous sommes rencontrés à cette occasion. Mais, contrairement à ce qu'on pourrait croire, après que nous ayons beaucoup parlé de l'adaptation, j'ai préféré rester en dehors du projet. Nous avons parlé un peu, juste qu'il a été tourné principalement à Toronto et du personnage principal, mais l'acteur nous avions à l'esprit ne pouvait pas rejoindre le casting. Quand j'ai appris que Paul avait choisi Robert Pattinson, j'ai pensais que ma nièce de 14 ans allait finalement me regarder avec des yeux différents. Avez-vous visité le plateau de tournage?Non, j'ai été invité, mais je n'ai pas considéré que c'était essentiel. Je suis allé à de nombreuses reprises sur des tournages de films et j'ai trouvé ça ennuyant. J'ai passé la plupart du temps à attendre. En parlant du tournage, ne vous inquiétez-vous pas que la plupart des prises n'ont pas eu lieu à New York alors que la ville est si important dans le roman?Ce qui importe, c'est ce qui se passe à l'intérieur de la limousine. Il s'agit d'un monde en soi, avec des intrusions de toutes sortes, les visiteurs et une foule en colère. C'est ce qui compte. En outre, les prises faites ailleurs et non à New York donnent au film une connotation plus générale, donnant l'idée que ce qui se passe peut arriver dans n'importe quelle autre grande métropole contemporaine. Le livre a été publié en 2003. Le film sort en 2012. N'avez-vous pas peur que cet intervalle de temps puisse être un problème pour sa compréhension ou de se révéler vieux?Non, quand ils étaient sur le point de terminer le tournage, il y avait la naissance du mouvement Occupons Wall Street et c'est une coïncidence frappante, car elle peut également être connecté à ce dont il est question dans le film. Vija Kinski dans le film, dit à Packer, son patron, que les manifestants sont étroitement liés à des actions de Wall Street et au capitalisme, et aident à mettre à jour et modifier le système. D'une certaine façon, aider Wall Street à se redéfinir dans un contexte nouveau et un monde plus grand. À mon avis, c'est aussi ce qui se passe avec Occupons Wall Street ça n'a pas changé quoi que ce soit, n'a pas réduit les bonus astronomiques commissionnées par les dirigeants, mais leur a permis d'étudier des alternatives à la protestation. Quelle a été votre réaction quand vous avez vu le film? Avez-vous trouvé des éléments qui n'étaient pas présents dans le roman?J'ai été ravi. Il y a aussi des moments drôles et j'ai été impressionné par tout le final qui amène le film à un autre niveau. Ce qu'il se passe entre Packer et Benno Levin est marquée par le respect mutuel, dans le livre, mais c'est encore plus palpable dans le travail de David Cronenberg. David a bien fait de couper les deux interventions de Benno qui précèdent la rencontre, ça avait un sens dans le roman, mais pas dans le film. Les dialogues sont presque tous les votre. Qu'est-ce que ça fait de les entendre à l'écran?C'est la chose la plus étrange qui soit! Je suis mes propres mots, mais ils prennent une autre vie. J'ai écrit sur une conversation sur l'art par exemple entre Packer et le personnage joué par Juliette Binoche, mais de toute façon pour moi c'était comme la découvrir (et la comprendre) pour la première fois. Un des aspects les plus importants du livre est la façon dont les choses - et les mots utilisés pour y faire référence - sont devenus obsolètes et abandonnées après un processus d'obsolescence accélérée. Packer demande constamment «cette chose existe toujours?", "Quel mot utilisons nous pour cela?" ...C'est vrai. Dans le roman, Packer a une perception particulière du temps qui le projette en avant et il voit ce qu'il se passe ensuite. Cet aspect du film a disparu. J'ai fait particulièrement attention au temps et à la façon dont notre perception du temps est altérée et façonnée par l'argent. On dit que «le temps c'est de l'argent », mais dans le contexte de Cosmopolis « l'argent c'est du temps. » Cette idée est également dans le film, il est seulement traitée de différentes manières. Votre nom apparaît également dans les crédits, à cause d'une chanson contenue dans le film.Oui, j'ai remarqué. C'est à cause des textes que j'ai écrit dans le livre pour le rappeur et Sufis et qui ont également été utilisés dans le film. Cela marque le début d'une nouvelle carrière pour moi ... en tant que parolier de rap! Je ne pouvais pas être plus fier. | |
| | | Alice Rob'sédé
Nombre de messages : 12206 Date d'inscription : 30/03/2010 Age : 76 Localisation : Un petit coin au soleil
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 6:51 | |
| - ptiteaurel a écrit:
- Par contre , il a coupé une scène assez forte du livre mais en même temps, je ne voyais pas Rob la faire
Mina va être déçu avant que je lise le livre elle m'avait parlé de cette scène - Spoiler:
Quand ils sont tous couchés dans la rue Les filles pour ce travail titanesque | |
| | | sabrinalor Rob'sédé
Nombre de messages : 6015 Date d'inscription : 17/11/2011 Age : 55 Localisation : lorraine
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 9:37 | |
| les filles pour ce travail titanesque de traduction. Ces trois ITW donnent vraiment envie de voir le film et très intéressant sur leur façon de travailler . | |
| | | ptiteaurel Administratrice
Nombre de messages : 38566 Date d'inscription : 13/03/2009 Age : 44 Localisation : Arras
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 9:50 | |
| C'est très intéressant ces itw, on voit leur implication et bizarrement ça m'a l'air plus simple à comprendre d'un coup. | |
| | | lilipucia Co-Webmastrice/Modote
Nombre de messages : 14223 Date d'inscription : 17/11/2009 Age : 51 Localisation : suisse
| | | | Lentille Co-Webmastrice/Modote
Nombre de messages : 5145 Date d'inscription : 12/11/2009 Age : 46 Localisation : au milieu des montagnes
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 10:37 | |
| un grand pour ce travail très intéressant les filles Il me reste la dernière de Delillo à lire alors j'y vais de ce pas | |
| | | nicolisandra Co-Webmastrice/Modote
Nombre de messages : 9405 Date d'inscription : 16/03/2009 Age : 51 Localisation : ici et ailleurs
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 12:33 | |
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| | | belladeludo Uploadeuse
Nombre de messages : 13333 Date d'inscription : 05/06/2010 Age : 63 Localisation : Trop loin de lui
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 12:57 | |
| - ptiteaurel a écrit:
- C'est très intéressant ces itw, on voit leur implication et bizarrement ça m'a l'air plus simple à comprendre d'un coup.
Oui je suis d'accord avec toi, le film sera bien plus simple à comprendre que le livre ! Oui Alice c'est vrai que je vouais le voir à poils mais j'ai changé car ils ont eu raison de ne pas la mettre. Cette scène était tellement bizarre dans le livre... J'ai vraiment vraiment hâte de voir ce film qui va être un bijou j'en suis sûre. et pour ces longues, très longues traductions Ces ITW sont vraiment intéressantes des 3 points de vues | |
| | | ptiteaurel Administratrice
Nombre de messages : 38566 Date d'inscription : 13/03/2009 Age : 44 Localisation : Arras
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 13:40 | |
| Je pense Mina qu'on arrivera à le voir dénudé mais on verra comment Cronenberg fera en sorte qu'Eric et Elise fassent l'amour pour la 1ère fois | |
| | | sabrinalor Rob'sédé
Nombre de messages : 6015 Date d'inscription : 17/11/2011 Age : 55 Localisation : lorraine
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 15:05 | |
| petites coquines | |
| | | ely Rob'stiné
Nombre de messages : 175 Date d'inscription : 22/04/2012 Age : 39
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 15:23 | |
| vous faîtes un sacré travail de traduction | |
| | | belladeludo Uploadeuse
Nombre de messages : 13333 Date d'inscription : 05/06/2010 Age : 63 Localisation : Trop loin de lui
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 18:55 | |
| - ely a écrit:
- vous faîtes un sacré travail de traduction
C'est bien vrai ! On ne se rend pas compte le temps que Ptiteaurel et maintenant Babe passe de temps à traduire pour notre plus grand plaisir | |
| | | Jel Rob'sédé
Nombre de messages : 6638 Date d'inscription : 11/02/2011 Age : 35
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mar 24 Avr - 23:22 | |
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| | | vavounette Rob'sédé
Nombre de messages : 8932 Date d'inscription : 27/04/2009 Age : 50 Localisation : dans un trou lorrain lol
| | | | Hélène Rob'sédé
Nombre de messages : 1104 Date d'inscription : 15/10/2011 Age : 43 Localisation : Franche Comté
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mer 25 Avr - 8:37 | |
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| | | ptiteaurel Administratrice
Nombre de messages : 38566 Date d'inscription : 13/03/2009 Age : 44 Localisation : Arras
| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse Mer 25 Avr - 9:37 | |
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| Sujet: Re: [Cosmopolis] Revue de presse | |
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